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Les plus anciennes attestations littéraires du yoga

from Ralph Stehly, Professeur d’histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg

Merveilleux texte, court, qui introduit sans chichi à l’atman/brahman. On comprend directement. Très proche de la théologie orthodoxe.

Hindu man attending the Maha Yajna prayer festival to end World War

Bien qu’il n’y ait pratiquement pas de domaine de la littérature indienne qui n’ait pas été imprégné par le yoga, par son esprit ou par son idéal, il y a en Inde une littérature du Yoga, c’est à dire qui traite spécifiquement du Yoga, de ses fondements théoriques, de ses buts et de ses techniques.

 

Il y a d’abord une littérature étroitement technique qui présente un exposé systématique du Yoga, dont le premier et le plus célèbre sont les Yoga-Sûtra de Patañjali et ses nombreux commentaires (entre le 3ème s. ac et le 5ème s. pc). Autre exemple de ces traités techniques: le Hatha-yoga-pradîpika de Cintâmani (pas avant le 15ème s. pc, trad. Tara Michaël) .

Mais on peut remonter plus haut. La base technique du yoga est déjà largement ébauchée dans un groupe d’Upanishads qu’on appelle précisément les Upanishads du Yoga, qui sont une dizaine environ et qui sont rattachées à l’Atharva-Veda: Bhramavidyâ, Kshurikâ, Nâdabindu, Brahmabindu, Dhyânabindu, Tejobindu, Yogaçikhâ, Yogatattva, Hamsa, Cûlikâ. Dans le groupe des Upanishads les plus anciennes, celles que l’on appelle les Upanishads védiques, le terme de Yoga apparaît pour la première fois dans son acception technique dans quatre Upanishads du Yajur-Veda noir: la Taittîrîya (2.4), la Katha (2.4, 2.12, 6.12-18), la Svetâshvâtara (ou “Upanishad de l’homme au mulet blanc”, 2.8-15, 6.12), et la Maitry-upanishad (6.18, 6.3).

La Svetâshvâtara (2.8-15)  mentionne déjà le choix de l’endroit, la manière de s’asseoir, la régulation du souffle, le contrôle des sens et du mental (manas), les phénomènes qui accompagnent et suivent la pratique du Yoga, ainsi que la méditation sur la syllabe om.

 

Un pas de plus est effectué par la Maitry-Upanishad qui mentionne les six membres du Yoga (classiquement: 8 !): contrôle du souffle (prânâyâma), rétraction des sens (pratyâhâra), méditation (dhyâna), fixation sur un seul point (dhâranâ), contrôle de la fixation sur un seul point (tarka) et enstase (samâdhi).

Les deux plus anciennes Upanishads sont la Brihad-âranyaka-upanishad (du Yajur-Veda noir) et la Chandogya-upanishad (du Sâma-veda, = Upanishads sur la doctrine des Chandogya-s, les chantres du Veda). Le terme de Yoga ne s’y trouve pas, mais on y trouve des allusions claires à certaines techniques du Yoga.

Dans la Brihad-âranyaka-upanishad (en 1.5.23), on trouve la première trace du prânayâma qui permet de s’affranchir de la mort (en mettant la main sur ce qu’il y a d’immortel en nous, l’âtman) et de s’unir à la divinité (sâ-yujya: union) en l’occurrence Vâyu, âtman de l’univers.

 

Le contexte (1.5.21) est très instructif sur les origines de la pratique du Yoga qui est liée aux spéculations sur le prâna, et l’âtman, éléments éternels en l’homme, et aux spéculations sur la correspondance entre le microcosme et le macrocosme. De même qu’il y a un souffle central en l’homme que la mort ne peut saisir, de même il y a un souffle central qui anime les divinités. De même que le corps et le psychisme humain reposent sur un principe directeur, l’âtman, de même ce grand corps qu’est l’univers repose lui aussi sur un principe directeur, un âtman, qui est essentiellement identique à l’âtman de l’homme.

 

Toute la réflexion upanishadique culmine dans cette découverte: le Soi à l’intérieur de l’homme n’est pas différent du principe qui gouverne l’univers, c’est à dire le Brahman. Le travail yoguique vise précisément à dégager l’âtman de tous les obstacles qui en empêchent l’aperception. Le Brahman habite en l’homme sous la forme de l’âtman: le Purusha (= atman ou Brahman) est entré dans la citadelle de chaque corps. Les dieux, eux aussi, habitent en l’homme, de même qu’ils habitent l’univers.

Brahman priest painting his forehead with the red and white marks of his sect and caste

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