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Le langage érotique dans les récits classiques de renardes

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Le langage érotique dans les récits classiques de renardes

Solange Cruveillé, Université de Provence, from Impressions d’Extrême-Orient (2013)

Cet article savant et croustillant est par ailleurs publié dans Solange Cruveillé, « Les renardes par l’une d’elles », in Galantes chroniques de renardes enjôleuses, Aloïs Tatu (trad.), présenté par Pierre Kaser. Arles : Philippe Picquier, coll. « Le pavillon des corps curieux », 2005, 175 p., pp. 119-132.

Dès l’antiquité, le renard tient une place importante dans l’environnement des Chinois. Sa fourrure, très précieuse, se vend cher et fait office de présent lors de visites officielles. L’animal, dont les glapissements sont assimilés à des vagissements de nouveau-né, erre dans les cimetières ainsi qu’aux abords des maisons, où il tente régulièrement de dérober de la nourriture et de voler des poules. Il vit donc à la fois dans le monde animal, dans celui des hommes et dans celui de l’au-delà. Les Chinois lui trouvent des traits humains et le considèrent comme un animal extrêmement rusé et fourbe. Il donne lieu à diverses légendes et on lui attribue des dons surnaturels. Au fil du temps, il passe du statut d’animal démonifuge à monture pour les démons et à démon lui-même.

Dès la dynastie des Han, les conteurs populaires commencent à l’incorporer dans leurs récits oraux. Il finit par trouver sa place dans des écrits célèbres de la dynastie des Jin, par exemple les contes du Soushenji 搜神记 (A la recherche des esprits) de Gan Bao 干宝 ou encore le Baopuzi 抱朴子 (Livre du Maître qui embrasse la simplicité) de Ge Hong 葛洪 (283-363). L’animal y est décrit comme rusé, dangereux et doué de pouvoirs magiques. Le personnage évoluera considérablement jusqu’à devenir une figure littéraire à part entière sous la dynastie des Tang : on l’appelle alors hulijing 狐狸精, l’esprit-renard. Il devient un véritable maître de la métamorphose et des transformations surnaturelles, il lit dans les pensées et les rêves grâce aux émanations yang. A l’âge de mille ans, il peut entrer en communication avec le ciel et devenir un renard céleste, tianhu 天狐, ou un renard immortel, huxian 狐仙. Différentes histoires le mettent en scène jusqu’à la fin de la dynastie Qing, où les principales figures vulpines sont féminines.

On distingue les renards mâles des renards femelles. Les premiers vivent en groupe ou en famille et hantent les pavillons. Les secondes sont plus souvent solitaires : on les trouve dans les bibliothèques, les pavillons, les grottes. Mais tous partagent le même objectif : devenir immortel. Deux voies s’offrent à eux : celle de la bienveillance et celle de la monstruosité. La première consiste à étudier les Classiques, à faire le bien autour de soi, à aspirer le souffle vital qi 气 dans la nature et à agir en toute moralité. C’est une voie longue, mais assurée de succès. La seconde, plus facile, mais aussi plus périlleuse, consiste à renforcer son qi en aspirant celui des humains par des pratiques sexuelles. S’il arrive que le renard devienne amant, il ne nuit qu’à la réputation de sa victime, et non à sa vie, car l’énergie yin de la femme est dite inépuisable. La renarde quant à elle aspire l’énergie yang de son amant humain jusqu’à la mort. Un passage des Prescriptions secrètes pour la chambre à coucher (Yufang bijue 预防秘诀,traduction Robert van Gulik, La vie sexuelle dans la Chine ancienne Paris, 1971, p. 197) décrit le phénomène:

La Fille choisie demanda : « D’où viennent les incubes ? » P’ong-tsou répondit : « Si une personne mène une vie sexuelle déséquilibrée, son désir charnel augmentera. Démons et gobelins profitent de cet état des choses. Ils prennent forme humaine et commercent charnellement avec cette sorte de personne. C’est un art où ils sont beaucoup plus habiles que les êtres humains, si bien que leur victime s’éprend tout entière de l’amant fantôme. Ces gens garderont leur liaison secrète et ne diront rien de ses délices. À la fin, ils succomberont solitairement, à l’insu de tout le monde »

Les hommes doivent veiller à fortifier leur énergie yang sans la perdre trop souvent. Ils doivent avoir des rapports prolongés sans émettre leur semence inutilement, ce qui leur permettra de renforcer leur cinabre interne. Mais la renarde fera tout pour qu’ils s’épuisent et lui donnent cette énergie yang. Elle multiplie ses victimes durant des centaines d’années pour constituer son cinabre interne et atteindre l’immortalité : elle agit en véritable vampire sexuel et devient la succube de l’Empire du Milieu. Mais elle ne se contente pas de commercer charnellement avec un homme : elle le maintient également dans un état de ravissement et le coupe du reste du monde. Parfois, il arrive qu’une renarde tombe amoureuse de son amant : soit elle tombe enceinte, soit elle meurt, soit elle se retire et arrange l’avenir de l’être aimé. Lorsqu’elle est démoniaque, elle atteint rarement son but et des prêtres taoïstes ou des hommes lucides en viennent à bout à l’aide de différents rituels. La renarde est donc le personnage littéraire chinois par excellence qui symbolise à lui tout seul à la fois la passion, l’amour et le sexe.

Nous parlerons aujourd’hui des renardes telles qu’on en trouve dans les récits classiques. Classiques dans les deux sens du terme. D’abord par rapport aux repères chronologiques : nous n’étudierons pas les légendes antiques où l’animal est présenté comme un monstre dévoreur d’hommes ou un être surnaturel, ni les histoires de la fin des Qing jusqu’à aujourd’hui, où l’animal reprend des caractères purement démoniaques ou devient le personnage lubrique de récits pornographiques. Nous nous intéresserons principalement aux récits des Tang aux Qing, et notamment à ceux contenus dans les Chroniques de l’étrange (Liaozhai zhiyi 聊斋志异) de Pu Songling 蒲松领 (1640-1715). Classiques également dans le sens de « traditionnels », c’est-à-dire au niveau de la composition du récit, des éléments récurrents et de la description du personnage.

Dans les récits classiques, la renarde se montre aimante et amoureuse, et devient un personnage hautement érotique. Ce n’est bien sûr la plupart du temps que pure tromperie. Elle prend pour cible un homme jeune, inexpérimenté, en bonne santé, souvent triste et un peu perdu. Pour entretenir des relations sexuelles avec sa victime, elle doit d’abord se transformer en jeune femme. En lisant dans les émanations yang de son futur amant, elle connaît ses rêves et ses pensées. Elle trouve donc ses faiblesses et découvre la femme qui occupe son esprit : souvent une jeune fille proche de la famille, une voisine, voire une morte. C’est l’apparence de cette jeune femme que l’animal prendra. La renarde vit dans des terriers. Or, la terre abrite l’essence vitale cosmique, tout comme certains lieux élevés (brouillard, sommets, nuages…). L’accumulation de qi fait accroître la vertu et dote certains animaux d’une grande longévité et de pouvoirs surnaturels. En errant dans les cimetières, la renarde peut également sucer les ossements humains, source de l’âme po 魄. C’est là que sa transformation commence. Le rituel est toujours le même : l’animal choisit un crâne humain, le pose sur sa tête et se prosterne face à la Grande Ourse. Si le crâne tient en place, elle se transforme en humaine. Cette métamorphose est décrite dans un poème de Bai Juyi 白居易 (772-846) intitulé « La renarde des vieux cimetières », « Guzhong hu » 古冢狐 (traduit ici par R. Van Gulik, op.cit, p. 268) :

Quand un esprit renard est devenu vieux, dans une tombe à l’abandon,
Il se transforme en une femme à la mine engageante.
Son poil se fait chignon, son museau visage poudré,
Sa longue queue se change en robe cramoisie et traînante.
Puis, à pas lents, elle hante les rues désertes du village,
Et aux approches de la nuit, choisissant un lieu écarté,
Tantôt elle chante et danse, et tantôt pleure tristement,
Sans hausser l’arc de son sourcil, sans lever son joli visage,
Quand tout à coup elle se met à sourire, quelle joie !
Alors c’est à peine s’il se trouve un homme pour n’être pas séduit…
Dès lors, tout en la renarde respirera l’amour et la séduction. La femme sera jeune, en pleine santé, délicate, souriante, intelligente, timide, musicienne et chanteuse, douce et enjouée.

La couleur rouge, couleur de la passion et de l’attirance sexuelle, fait son apparition : la queue rousse se transforme en robe cramoisie. On trouve aussi du rouge sur les lèvres, comparables à une cerise mûre, et sur les joues, fleurs de pêchers. L’ancêtre des renardes, une femme débauchée, se nomme par ailleurs Azi 阿紫 ou Zizi 紫紫, « la pourpre », et les femmes renardes sont décrites comme « belles comme le rouge hibiscus ».

Dans un conte de Pu Songling, intitulé « La quatrième demoiselle Goupil » (« Hu sijie » 胡四姐, Liaozhai zhiyi, II.062), traduit ici par André Lévy (Chroniques de l’étrange, Arles, 1999, pp. 415-416), on trouve le passage suivant :

-Qu’est-ce qui te prend de me regarder avec tant d’insistance ? demanda la jeune femme en riant.

– Je te vois plus belle que rouge pivoine, répondit le jeune Shang, plus tendre que fleur de pêcher, et je te contemplerai toute la nuit sans me lasser.

On trouve également la couleur blanche, souvent pour les vêtements. Elle rappelle la couleur de la fourrure précieuse des aisselles et du menton du renard, mais c’est aussi la couleur de l’innocence et de la mort.

D’autres descriptions flattent les atours de la belle, qu’on compare à l’immortelle Chang’E. Dans un conte de la Deuxième collection du Lac de l’Ouest (Xihu erji 西湖二集, 1645 ?)i, Zhou Qingyuan 周清原 décrit sur le mode poétique l’une de ses renardes comme suit :

Des cheveux noirs comme le plumage d’un corbeau,
Une peau plus blanche que la neige.
Ses yeux étaient brillants comme l’eau claire en automne,
Ses joues deux fleurs de lotus au parfum profond.

Ou encore, plus loin :

Des souliers courbés et délicats,

Une façon de marcher convenable,
Telle une fleur doucement balancée par le vent ;
De beaux yeux limpides
Qui d’un regard font s’effondrer une ville,
Et du suivant tout un royaume.
Elle était tel un papillon entouré de parfum,
Elle bougeait avec élégance,
Et de tout son corps se dégageait une allure douce et gracieuse. »

Les renardes métamorphosées sont décrites comme des paysages, leurs formes et leurs visages comme des fleurs et des fruits. Une des renardes des Chroniques de l’étrange est « belle comme la fleur poudrée du lotus à peine sortie de l’eau, comme la fleur de l’amandier humide de brume ».

Ce genre de description, qu’on peut considérer comme érotique, puisqu’elle précède toujours des scènes d’union sexuelle, se retrouve aussi dans de grands récits classiques chinois qui traitent de l’amour entre simples mortels. On y retrouve les petits pieds, ou pieds bandés, des joues comparées à des fleurs de pêchers, une peau tendre et délicate, des tailles souples comme des rameaux de saule. Les fleurs de lotus et de prunier sont omniprésentes dans les récits : lotus, en écho aux petits pieds bandés, mignons comme des pétales de fleurs de lotus et partie du corps hautement érotique jusqu’à la fin des Qing ; fleurs de pruniers, invitation à l’acte sexuel qui n’est pas sans rappeler le roman Jin Ping Mei 金瓶梅 dont le titre peut se traduire « Fleurs de pruniers dans un vase d’or ». Dans un conte de Pu Songling, intitulé « Yingning » 婴宁, une renarde laisse d’ailleurs tomber exprès une branche de pruniers en fleurs, que son futur amant garde précieusement sous son oreiller. Les jeunes filles se trouvent aussi souvent en train de broder dans une pièce : là aussi il s’agit d’un sens caché, d’une invitation érotique.

Autre caractéristique notable : les histoires se passent la plupart du temps au printemps, période propice aux ébats amoureux. Les héros malheureux font souvent « des rêves printaniers ». On parle aussi « d’images de printemps » pour désigner des images érotiques.

Cependant, d’autres éléments viennent s’ajouter à ces descriptions classiques. D’abord le parfum qui émane des renardes, l’un des attributs de l’animal, réputé pour sa puanteur, une odeur produite au niveau des aisselles, là où la fourrure est d’un blanc magnifique et précieux. La renarde utilise cette odeur pour séduire et ensorceler sa victime. Elle peut également parfumer les draps et les pièces. Dans le même conte de Zhou Qingyuan, intitulé Le fils de la renardeii, l’auteur met en garde son lecteur contre la renarde et dit :

Son charme est si ensorcelant qu’on parle depuis de “séduction de renarde”. Les voyageurs ignorants tombent dans le piège, rendus fous par l’odeur fétide de renard qui émane d’elle : son corps leur paraît même délicieusement parfumé ! S’ils savaient qu’elle n’est qu’un renard sauvage, la puanteur leur serait insupportable !

Deuxième élément : la perle. La renarde possède des dons surnaturels : se métamorphoser, changer la forme des objets, lire dans les rêves. Mais les personnages littéraires crachent aussi souvent des perles, soit pour tuer ou séduire, soit pour guérir et faire avaler un médicament.

Troisième élément : les jeunes filles portent fréquemment des bijoux de jade, des ceintures, des objets de jade. Le jade est une invitation à l’acte sexuel : on dit notamment « tige de jade » pour désigner le membre viril, et « porte de jade » pour désigner le vagin. Dans un conte de Pu Songling, « L’impératrice Zhen » (trad. Li Fengbai, Contes Fantastiques du pavillon des Loisirs, p. 328) :

Liu Zhongkan sentit tout à coup un parfum d’une suavité extraordinaire qui remplissait son studio. Puis il entendit des cliquetis de jade. Surpris, il regarda et vit entrer une belle femme parée de bijoux somptueux.

Autre point : les décors sont propices aux scènes d’amour. Cela se passe la plupart du temps dans des pavillons isolés, entourés d’arbres, de fleurs et d’oiseaux. Dans les chambres, on dispose une literie de brocart, on sert des mets raffinés et on boit du vin.

Les noms que portent les parangons littéraires sont également très évocateurs : Jade Rouge, Grâce, Charmante, Fragrance de Lotus, ou encore Charme des Nuages.

Concernant les scènes érotiques à proprement parler, on remarque qu’elles sont la plupart du temps absentes des récits, parfois volontairement éludées. Dans le Fils de la renarde, une indication nous informe que la scène a été coupée. Elles sont parfois décrites ou plutôt résumées avec sobriété. On peut par exemple trouver des phrases laconiques :

« Vers le soir, on éteignit les bougies, on se déshabilla et on s’adonna à toutes les jouissances » (« L’Impératrice Zhen », op.cit.).

« Le jeune lettré la prit dans ses bras, rentra dans la maisonnette et ils menèrent leurs ébats jusqu’aux ultimes privautés » (« La quatrième demoiselle Goupil », op.cit.).

« Ils montèrent au lit où ils se livrèrent à tous les déchaînements » (idem).

« Ils soufflèrent les chandelles et montèrent dans le lit, où ils s’accordèrent on ne peut mieux. » (Chroniques de l’étrange, « Fragrance de Lotus », II.069, op.cit., p. 453).

« Il lui témoigna longuement des attentions qui finirent par les mener aux plaisirs que se donnent mutuellement les époux » (Chroniques de l’étrange, « La renarde de Fenzhou », II.074, op.cit., p. 506).

On compare aussi très souvent l’acte sexuel à un combat. On trouve en effet dès les Han des traités d’alchimie sexuelle où le sexe est étudié comme autant de mouvements militaires sur un champ de guerre, une bataille qu’il faut mener selon des tactiques précises. Quelques exemples, dans le conte de Ling Mengchu 凌蒙初 (1580-1644), « L’amour de la renarde » (cf. Erke Pai’an jingqi, 二刻拍案惊奇II.29) traduit par André Lévy (L’amour de la renarde, Paris, 1998, p. 265 ) :

La Demoiselle s’y connaissait et semblait mener une guerre d’usure, renversant les positions. Il ne refusait pas et paraissait insatiable. Il lui arrivait pourtant de redouter la défaite, mais la jeune femme ne semblait jamais disposée à dormir.

Et les amis du lettré de se demander, lorsqu’ils le voient dépérir : « Mais où a-t-il bien pu dénicher cette fille qui mène un combat aussi prolongé ? » Ou encore :

Tendre est le corps de la beauté […] mais entre ses reins elle tient l’épée qui va décapiter l’ignorant. Sans doute les têtes ne roulent pas, mais jusqu’à la moelle elle vous pourrit.

Or donc, pas de description crue dans les récits classiques de renardes. Cependant, de nombreuses scènes sont décrites sous forme de poèmes. La forme est élégante, métaphorique, tout est dans la suggestion. On retrouve les éléments naturels, les arbres, les fleurs, les nuages et la pluie… Langage poétique qui prend tout son sens lorsqu’on sait que les nuages représentent les sécrétions vaginales, et la pluie la semence. On parle également de « rosée qui perle, et de vent qui souffle dans la vallée ». La renarde Yatou de Pu Songling, qui se présente à son amant comme une prostituée, lui dit d’ailleurs : « Je suis une fille de la brume et des fleurs ».

Quelques exemples de poèmes :

« Pièges et vicissitudes de l’amour,
Sac de chair dont l’aspect changeant égare,
Profitant du rêve d’un rendez-vous d’amour
Pour encore faire crever pluies et nuages ! »
(Ling Mengchu, «L‘amour de la renarde », op. cit., p.277)

Ou encore celui-ci tiré du « Fils de la renarde » :

« Des gestes timides pleins de délicatesse,
ils ne maîtrisaient pas encore l’art des nuages et de la pluie ;
D’une nature faible et fragile, cela empêchait la rosée de perler
et le vent de souffler.
Au commencement, ils étaient tels deux jeunes saules enveloppés de brume,
entre le proche et le lointain ;
Poursuivant telles deux fleurs fanées sous la pluie, entre un désir faible
et changeant.
Les yeux remplis d’étoiles, légèrement voilés, plusieurs fois ce fut ouvert
puis de nouveau fermé ;
Les saules tournaient et se retournaient brusquement,
un bref instant stables puis de nouveau agités.
Ils se susurraient des mots intimes remplis de délicatesse;
Ils étaient plein d’inconstance, formant un joyeux tableau débordant de tendresse.

Tous les traducteurs dont j’ai pu lire les travaux font le choix de traduire littéralement. On peut simplement conseiller de mettre des notes de bas de page pour expliquer certaines expressions, cependant même un lecteur non averti et non sinologue comprendra sans doute aisément le sens caché des expressions et descriptions, aussi élégantes soient-elles.

Voici donc un aperçu du langage érotique dans les récits classiques de renardes : on prêtera une attention particulière aux symboles, aux couleurs, aux éléments naturels, aux attributs de l’animal, aux poésies et aux métaphores. Mais ce qui est flagrant, c’est que les récits de renardes sont souvent hautement érotiques par leur atmosphère même, quasi onirique, qui fait fusionner les trois aspects du hulijing, à la fois animal, amant et démon. Les récits mêlent ruse, connaissance des plaisirs de la chair et ingrédients mortels, qui attirent inéluctablement la victime de la renarde, mais aussi le lecteur des contes vulpins.

Traductions utilisées :

Pu Songling, Contes fantastiques du pavillon des Loisirs. Li Fengbai et Denise Ly-Lebreton (trad.), Beijing : Waiwen, Editions en langues étrangères, 1986 (1996), 442 p.

Pu Songling, Chroniques de l’étrange, André Lévy (trad.), Arles : Picquier, « Picquier-Poche », (1996) 1999. Repris dans Pu Songling, Chroniques de l’étrange, Arles, Picquier, 2005, 2 volumes, vol. 1, pp. 1-334.

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